Le manque de productions nationales tout au long de l’histoire du cinéma canadien doit être mis en contexte du climat économique, dans lequel les principaux canaux de distribution et de présentation ont été détenus et contrôlés par des intérêts étrangers (notamment les studios hollywoodiens). Ainsi, Norman Jewison, Ivan Reitma, Roger Spottiswood, mais aussi James Cameron ont connu une renommée mondiale en réalisant des films purement américains. De même, des acteurs comme Walter Pidgeon, Christopher Plummer, Dan Aykroyd, Jim Carrey, Ryan Gosling, Keanu Reeves, Seth Rogen et Donald Sutherland ont fait leur carrière à Los Angeles.Il faut donc reconnaître au cinéma canadien du mérite à rester hors du modèle hollywoodien.
David Cronenberg, réalisateur de La mouche (1986), de Crash (1996), et Les promesses de l'ombre (2007) exploite des genres américains par excellence, horreur et fantastique, s'imposant comme l'un des meilleurs cinéastes des années 1990 et 2000. Puis vient Atom Egoyan, qui réalise Le voyage de Félicia (1999), La vérité nue (2004) et Remember (2015). Se sont les deux seuls cinéastes canadiens d’envergure internationale à avoir refusé le choix de l’exil doré (même si le premier fait régulièrement appel aux capitaux et aux comédiens américains).
Arc-bouté sur ses particularismes culturels et politiques, moins menacé aussi par la tentation hollywoodienne, le Québec fait toutefois exception en proposant une production qui laisse une large place aux films d’auteur: Denys Arcand (Le déclin de l'empire américain) ou Xavier Dolan (Les amours imaginaires). Mais la porte de l’internationalisation ne s’est jamais vraiment ouverte et la production québécoise est condamnée à l’autarcie, malgré de bons films (Le démantèlement, Le mirage).
Entre la ghettoïsation du cinéma québécois et l’absence d’identité propre de la production anglophone, le Canada n’en finit pas de rechercher la voie qui lui permettra d’affirmer enfin durablement l’existence de son cinéma aux yeux du monde.